Il est enfin venu le temps des terrasses. Quel bois choisir ? Quels produits utiliser ? Comment créer une base bien solide ? Ecohome, notre petit frère anglo, nous dit comment construire sa terrasse.
- Répondre aux exigences municipales et obtenir les permis nécessaires;
- Créer une structure de base solide : piliers de ciment (sonotubes), pieux vissés, deck block;
- Choisir le bon matériaux : pruche, cèdre, bois traité ou planches en composite;
- Opter pour des stratégies de durabilité : hourra pour la longévité !
Une base solide pour sa terrasse en bois
Les terrasses peuvent bouger pour différentes raisons, mais principalement à cause des cycles de gel/dégel. C’est pourquoi il est recommandé d’enfouir la base à plus de 4 ou 5 pieds. Ainsi, le gel n’affectera pas les pilons. Cette étape peut être réalisée par vous-même plutôt facilement.
- Creusez à la pelle ou à l’aide d’une tarière mécanique à gaz (on peut la louer)
- Déposez un sonotube de carton au fond du trou
- Nivelez
- Remblayez
- Procédez au mélange du béton
Attention. L’argile a une tendance à se dilater et à se rétrécir en fonction de sa teneur en humidité. Si vous construisez sur un sol qui en a une forte teneur, la terrasse pourrait être affectée par les fortes pluies et les longues périodes de sécheresse.
Lits rocheux
Si vous tombez sur un lit de substrat rocheux, c’est une bonne chose. Prenez garde : un gros cailloux n’est pas nécessairement un lit de substrat, quoique si vous frappez dessus et qu’il semble vraiment très solide, le fond de celui-ci est probablement sous la ligne de gel, auquel cas vous pourrez ériger la terrasse en l’utilisant comme base.
Pieux vissés
Les pieux sont vissés dans le sol, encore sous la ligne de gel, et servent de structure. Efficaces pour construire une terrasse, il suffit de veiller à ce qu’ils soient bien au niveau. On peut s’en procurer dans tout magasin de rénovation à grande surface et ils possèdent normalement un trou qui permet d’utiliser un 2×4 comme levier.
Attention toutefois : comme ils ne sont pas aussi larges que les sonotubes, la marge de manœuvre est plus limitée. Si votre sol est très rocailleux, il est préférable de faire appel à un professionnel, qui en fera la pose, sous les 200 $ du pieux, dans la plupart des régions.
Deck blocks (ou pattes d’éléphants)
Au lieu d’être enfoncée sous la ligne de gel, la structure est ici « flottante », déposée directement sur le sol. C’est un moyen plus simple et moins coûteux de construire la terrasse, mais il peut être plus exigeant de garder le tout parfaitement au niveau, et cela pourrait demander plus d’entretien au fil du temps, le risque de tassement étant élévé.
Pour plus de durabilité, on peut isoler les blocs contre le gel. Il suffit de poser un panneau rigide sous la terrasse et autour des fondations et de recouvrir le tout de pierres concassées. Pour plus de durabilté, mieux vaut mettre des sonotubes ou des pieux vissés sous le niveau du gel.
Choisir de ses matériaux de terrasse ou de patio
Le bois traité est aujourd’hui moins toxique qu’il ne l’a déjà été, mais son impact environnemental est tout de même moins bénin que celui du bois naturel. Son traitement ne pénètre pas profondément dans le bois et les bouts coupés laissent une surface non-protégée. Il est préférable d’utiliser des produits parmi les suivants, tant pour l’impact environnemental que pour la durée de vie.
Le bois : le cèdre et la pruche sont idéaux pour la terrasse et le patio
Le cèdre est de loin le matériel non traité le plus commun. Il vient généralement en planches de 1,25″ d’épaisseur. Il peut être laissé brute, mais une légère coloration augmentera sa durabilité tout en réduisant ses chances de devenir gris sous l’exposition des rayons UV.
Le cèdre rouge possède des caractéristiques naturelles anti-pourritures, mais son prix est élevé. Il est préférable d’opter pour le cèdre blanc plané, disponible dans les scieries spécialisées.
Le cèdre n’est par contre pas idéal pour la structure. La pruche est un meilleur choix : c’est un bois très fort et très durable lorsque protégé de l’humidité. Ce type de terrasse, un mélange de cèdre et pruche, pourrait bien durer plus de 20 ans s’il est bien entretenu !
Le bois Yakisugi, généralement fait de planches de cèdre ou de mélèze, est un bois brûlé selon une méthode nippone ancestrale. Appelé Shou-sugi-ban (焼杉板), il est très durable et peut aussi s’avérer une option intéressante.
Les planches de plastique 100 % recyclé pour patios, faites au Québec
Il existe des planches pour patios, terrasses et balcons fabriquées au Québec à 100 % de plastique recyclé. Le produit Dekavie, une compagnie basée à Sainte-Cécile-de-Milton, est vendu au Québec depuis plus de 20 ans. Très durables, elles sont un peu plus chères à l’achat que les planches de bois mais elles demandent zéro entretien, ni produits à rajouter ! Les planches à patio, marches et contremarches viennent par ailleurs avec une garantie de 25 ans contre tout défaut de fabrication.
Le plastique est une énorme source de pollution qui a un impact direct sur l’environnement et les animaux. Il est clair que de recycler cette matière fait du sens ! Le polyéthylène utilisé provient des articles ménagers et industriels tel que les contenants de jus d’orange ou de détergent à lessive, les bouteilles de shampoing et de produits comestibles, les contenants de lait ou de nettoyant tout usage. Un bel exemple d’économie circulaire, 100 % d’ici.
- Les planches sont embouvetées, donc aucune vis apparente.
- Elles résistent aux variations climatiques, elles ne nécessitent ni peinture ou teinture et la couleur est permanente (les planches sont colorées dans leur entier).
- Elles s’installent facilement et requièrent les mêmes outils de travail que le bois.
- À installer sur des solives aux 12’’ (30,5 cm) pour les planches de 10, 12, 14, 16 et 20 pieds et sur des solives aux 10’’ (25 cm) pour les planches plus longues.
- Longueur sur mesure disponible (quantité minimum requise).
- Cinq choix de couleurs disponibles.
- Les planches font 6 » de large x 7/8 » d’épais.
Les planches en matériaux composites pour terrasses extérieures
Elles sont faites de plastique recyclé, de fibres de bois et de polymères et ont une vague allure de bois (oui, elles sont très facilement différenciables). Elles viennent en différentes couleurs, nécessitent peu d’entretien et leur durée de vie est beaucoup plus élevée que celle du bois, car l’eau ne les endommage pas. Pour enlever les égratignures et moisissures, un lavage à haute pression devrait suffir.
Par contre, les planches en matériau composite ne peuvent être utilisées pour la structure, elles sont beaucoup plus dispendieuses, non recyclables, ni biodégradables. De plus, le bois de la structure sous les planches en composites est sensible à l’eau. Les mesures de durabilité présentées plus bas sont donc à appliquer dans ce cas-ci également (et avec plus de soin) si vous ne voulez pas une belle terrasse sur une structure pourrie ! Aux mesures de durabilité présentées, on peut ajouter l’option de la sous-structure galvanisée, et l’utilisation de vis en acier inoxydable (elles ne rouilleront pas).
Lesbois tropicaux, à éviter !
Quoique très durables (ex : bois d’Ipé), le marché pour ce type de bois participe à la destruction des forêts tropicales. Écohabitation recommande de les éviter et de s’en tenir au bois canadien.
10 trucs et astuces pour augmenter la durabilité de sa terrasse à la maison
1. Couvrez vos solives
Un bois mouillé n’est pas un problème, en autant qu’il puisse sécher ! L’important est donc d’éviter une eau stagnante sur le bois. C’est pourquoi nous sommes de grands amateurs des larmiers – en métal, élastomère ou de type pare-intempérie (membrane pare-air collée) – posés sur les solives, sous la plateforme. Ils permettront à l’eau qui atteint le dessus des solives de s’égoutter. Attention au choix de couleur, les membranes seront légèrement visibles entre les planches.
2. Créez des espacements entre les planches
Ils sont nécessaires entre les planches à des fins de drainage, mais également pour éviter l’accumulation de débris. Partant de l’hypothèse que les planches rétrécieront avec le temps, certains constructeurs installent les planches de manière très serrée. Mais ce n’est pas toujours le cas, et si vos planches sont très sèches, elles pourraient même au contraire prendre de l’expansion sous l’exposition de la pluie et de l’humidité. Avec un écart trop restreint, la saleté mélangée à l’eau risque d’obstruer les espaces et ainsi retenir l’humidité.
On conseille donc d’espacer convenablement les planches dès le départ : un espacement de la largeur d’une tête de vis à terrasse devrait suffire.
3. N’enfoncez pas trop les vis
Si vous les enfoncez trop, des minuscules réservoirs d’eau pourraient être créés. Mieux vaut laisser la tête de la vis au ras du bois.
4. Vissez par le dessous et posez des coins de fer blanc
Cette procédure exige un effort supplémentaire, mais les résultats sont visuellement intéressants, les vis étant cachées sous les planches. Un support en métal est vissé sur le côté de la solive et sous la planche. Attention, cela ne permet pas d’éviter les problèmes d’eau stagnante au niveau des vis. Pour s’assurer d’avoir assez de chair pour la vis, il faudra utiliser des planches en 2×4 ou 2×6 au plancher (sans quoi vous pourriez passer au travers la planche !).
5. Installez des solives doubles aux jonctions
Il y aura toujours un léger écart là où les planches se rencontrent, permettant ainsi à l’eau de s’écouler et d’atteindre le dessus des solives. Une manière d’éviter ce problème est de construire une base à deux solives, avec un écart entre ces dernières. Cela prendra plus de planification puisque vous devrez déterminer à l’avance l’endroit où se trouveront les jonctions, mais cette méthode augmentera considérablement la durabilité de la structure.
N.B. Le bout des planches est beaucoup plus vulnérable à l’absorption de l’eau. Les jonctions sur les vieilles terrasses sont toujours les endroits à refaire en premier !
6. Utilisez du treillis métallique pour stuc
Ils garderont les nuisibles (ratons laveurs, mouffettes et la plupart des animaux) à distance.
7. Consultez la météo
Selon la saison, le temps de séchage variera pour l’application des teintures et produits de protection, et d’ordre général, la température ne peut descendre sous zéro lors de l’application. Il faut vérifier sur l’étiquette les recommandations en termes de températures et de délai.
8. Regardez le grain du bois
Si les anneaux de croissance du bois sur le dessus de la planche ont une forme convexe plutôt que concave, le grain pourra en théorie repousser l’eau de la surface du bois. Rappelons-nous qu’éviter une eau stagnante est synonyme de durabilité !
9. Évitez de connecter la terrasse à la maison
C’est ici que la plupart des travaux tournent au vinaigre. On vous conseil d’ériger une terrasse complètement indépendante du bâtiment (avec des sonotubes près de la paroi). Cela évitera que la structure de la maison ne soit affecter si la terrasse bouge.
Si vous voulez la relier, il faudra prendre des mesures appropriées afin d’éviter les trous béants dans l’enveloppe… trous qui pourraient accueillir l’eau, l’air et les fourmis charpentières. Une fois le revêtement de mur extérieur coupé, il faudra poser un larmier de métal sous le revêtement qui transportera l’eau loin des solives de rive boulonnées au mur. Des carrés de membrane élastomère étanche pourront être placés derrière la solive en contact avec la paroi, ce qui empêchera l’eau de pénétrer dans le trou créé par le boulon.
Bref, bien du tracas inutilement.
10. N’oubliez pas la pente
Finalement, n’oubliez jamais l’importante d’une pente de 2 %, qui permettra de drainer l’eau dans la bonne direction (loin des fondations de la maison). La structure déterminera la pente et le platelage suivra simplement l’angle créé.